« Les journalistes se doivent de ne pas abandonner leur rôle critique, indépendamment de leurs affinités »
Retour sur la 3ème rencontre participative CLIMACT sous le signe Science-Média.
Posté le 12 juin 2023Auteur·e·s
Aïcha Besser
Responsable Communication
CLIMACT
Expert·e·s
Dr Nicolas Tetreault
Directeur exécutif
CLIMACT
Prof. Oriane Sarrasin
SSP, UNIL
Après avoir rencontré les politiques du canton de Vaud lors d’un premier événement, puis l'industrie romande lors d'un second, cette fois-ci, l'attention s'est portée sur les acteurs clés qui façonnent l'information. Cette soirée a permis pour les un.es de mettre des visages sur les plumes qui documentent notre quotidien à travers la presse écrite et audiovisuelle, et pour les autres de se rapprocher des chercheur.euses scientifiques encore trop souvent perçus comme enfermés dans leur tour d’ivoire. L'événement s'est déroulé dans un lieu insolite et haut en couleur : le coworking Gotham, privatisé et aménagé spécialement pour l'occasion.
Pour ouvrir la soirée, les directeurs de la communication de l'UNIL et de l'EPFL, Philippe Gagnebin et Gaël Hürlimann, ont pris la parole pour aborder les enjeux fondamentaux d'une possible collaboration entre la science et les médias. Dans quelle mesure est-ce souhaitable ? Est-ce réellement le rôle et la responsabilité des médias d'informer en vue de susciter des changements de comportement ? Le climat justifie-il un engagement journalistique plus fort? Philippe Gagnebin a mis en évidence une inadéquation partielle entre les attentes des académiques et la perception qu'ont les journalistes de leur propre rôle.

Philippe Gagnebin, Directeur Communication, UNIL
De son côté, Gaël Hürlimann a ajouté que bien qu'une collaboration soit souhaitable, les journalistes se doivent de ne pas abandonner leur rôle critique, indépendamment de leurs affinités. Il a également souligné l'importance de communiquer clairement à la société si une telle collaboration existe, afin de ne pas porter le flanc à la critique.

Gaël Hürlimann, Directeur communication, EPFL
Pour dresser un état des lieux, la parole a été donnée à deux intervenantes de l'UNIL pour partager des résultats d'études récentes. Oriane Sarrasin, maître d'enseignement et de recherche en psychologie environnementale, a présenté les conclusions de son étude sur l'impact de la couverture médiatique liée au climat sur l’envie d’agir des citoyen.nes.

Oriane Sarrasin, maître d'enseignement et de recherche en psychologie environnementale, UNIL
Prof. Julia Steinberger, professeure en économie écologique, quant à elle, a abordé l'historique de la désinformation et l'instrumentalisation du discours scientifique.

Julia Steinberger, professeure en économie écologique, UNIL
L'attention s'est ensuite tournée vers les rédactions TV. Marion Faliu, rédactrice en chef adjointe de l'actualité à la RTS, a partagé les réflexions actuelles des rédactions sur l'intégration des questions climatiques. Elle a affirmé qu'il n'est plus acceptable de présenter des scènes de baignade joyeuses pour illustrer les températures élevées.
Elle a ajouté que la RTS a pris position de manière claire : le climat n'est pas une opinion, ce qui rend aujourd’hui inutile la création de faux équilibres en opposant un scientifique à un climatosceptique par exemple. En revanche, la RTS ne souhaite pas devenir militante et s’en tient donc à son code déontologique.
Elle a conclu en soulignant :
Nos formats sont très courts. Une minute trente, c'est normal ; deux minutes, c'est presque considéré comme un grand format, et lorsqu'il y a un invité, nous disposons de deux minutes trente. Vous êtes dans la nuance, dans le temps long, tandis que nous sommes axés sur la vulgarisation.

Marion Faliu, rédactrice en chef adjointe Actualité, RTS
Avant d’entamer le panel de discussion, les deux partenaires de l’événement, Nous Prod et l’IMI (Initiative pour l’innovation dans les medias), ont pris la parole pour présenter des pistes de solutions. Jonas Schneiter, Directeur de Nous Prod, a présenté le projet Co2séquence, qui vise à vulgariser les connaissances scientifiques sur le changement climatique grâce à une collaboration entre des youtubeurs et des scientifiques. Il a souligné que ce projet avait déjà généré 2 millions de vues, démontrant ainsi un impact massif.
Le youtubeur est un média. Pour moi, il n’y a pas de différence entre un youtubeur ayant des millions d’abonnés et la RTS qui atteint des centaines de milliers de personnes en Suisse romande.

Jonas Schneiter, Directeur, Nous Prod
Mounir Krichane, Directeur de l'IMI, a présenté des outils et collaborations développés au sein de son centre pour soutenir la transition numérique des médias. Parmi ceux-ci, deux projets collaboratifs se distinguent : l'un axé sur le data journalisme et la visualisation des données, et l'autre, l'outil "compascience", qui facilite l'identification des experts qualifiés.

Mounir Krichane, Directeur, IMI
La soirée s’est terminée avec une table ronde modérée par le journaliste Mehdi Atmani, intitulée « Besoins & Contraintes : quelles solutions pour collaborer plus efficacement ? ».

Mehdi Atmani, journaliste indépendant
Le panelistes étaient Marion Faliu (RTS), Rachel Haübi (Heidi.news), Duc-Quang Nguyen (Le Temps), Oriane Sarrasin (UNIL), Julia Steinberger (UNIL). Découvrez les 6 points clés qui sont ressortis de cet échange dans notre prochain article.
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Les photos ont été prises par Murielle Gerber, EPFL.