Découvrez l'un des projets gagnants des CLIMACT Starting Grants 2021, intitulé "Jardinage en sols urbains".
Ciblant des solutions pour l'adaptation au changement climatique et son atténuation dans le cadre de projets de requalification urbaine, ce projet orienté vers l'action se concentrait sur la gestion intégrée de la matière organique et la séquestration du carbone dans les sols urbains par le biais du jardinage urbain, c'est-à-dire diverses pratiques d'agriculture urbaine et d'entretien du paysage urbain.
Interview avec Prof. Dr. Antoine Vialle, l'un des trois responsables du projet.
1) Pouvez-vous résumer les objectifs de ce projet en quelques mots et quelles étaient vos espoirs?
Notre projet visait à compléter les rares données existantes sur les sols urbains suisses par des mesures empiriques, afin de fournir une estimation plus précise de la teneur actuelle en carbone organique des sols urbains ; expliquer de manière systémique les variations du carbone organique des sols urbains en fonction de plusieurs variables liées aux pratiques et politiques de gestion des sols et de développement urbain ; et enfin considérer les bénéfices des mesures d'amélioration et soutenir la prise de décision.
2) Quels sont les enseignements clés que vous avez tirés?
Les principaux résultats de cette recherche sont sans aucun doute la démonstration que les sols urbains séquestrent une quantité importante de carbone. La teneur moyenne en carbone organique des sols urbains est plus élevée que celle des sols régionaux comparables soumis à des utilisations agricoles intensives. Cette fonction cruciale se retrouve même dans certains sols fortement anthropisés.
En dépit d'une déconnexion notable des sols de surface du matériau parentale sous-jacent perturbé, la comparaison entre Lausanne et Zurich a montré que les conditions géomorphologiques préexistantes sont toujours à l'origine du carbone organique en sols urbains : lorsqu'il y a plus d'argile, il y a plus de carbone séquestré.
Enfin, d'importantes variations de carbone organique en sols urbains ont été trouvées dans toutes les couvertures végétales étudiées, mais la comparaison entre les sols entretenus par le secteur privé et le secteur public a montré que les pratiques d'entretien ont un impact sur le carbone organique en sol urbain.
3) Comment ce projet contribue-t-il à faire avancer la recherche dans le domaine du changement climatique?
Ces résultats ont conduit à une réflexion sur la définition
du potentiel de séquestration du carbone organique des sols urbains et sur les
différentes stratégies possibles pour le préserver/améliorer, d'une manière
différente et complémentaire de celle adoptée par les recherches antérieures
sur la gestion des sols cultivés.
Dans le contexte urbain, l'amélioration des pratiques
d'entretien des sols et de l'apport de matière organique doit être complétée
par une stratégie de désensablement et de régénération/reconstruction des sols,
basée sur une gestion circulaire des déchets organiques et minéraux.
4) Quelles sont les prochaines étapes?
À l'avenir, le défi consiste à intégrer la séquestration du carbone organique des sols (urbains) dans une approche plus large et plus intégrative des services écosystémiques basés sur les sols et des co-bénéfices socio-environnementaux qui en découlent.
Le défi consiste également à prendre en compte une telle approche fonctionnelle des sols urbains dans les projets/politiques de planification et de conception urbaines.
Ces défis sont au cœur de mes activités de recherche, d'enseignement et de diffusion en tant que responsable de la nouvelle chaire sur les écosystèmes urbains en transition à la Technische Universität Berlin.
5) En quoi la nature interdisciplinaire du projet a-t-elle été un atout?
De la même manière que l'agronomie est capable d'articuler les connaissances fondamentales de la science des sols avec la pratique quotidienne des agriculteurs, notre approche de l'écologie urbaine, qui relie les mesures empiriques à la planification et à la conception urbaines, a ouvert des opportunités concrètes pour l'amélioration de la séquestration du carbone dans les sols urbains. Dans cette optique, l'urbanisation (et plus généralement l'influence humaine sur les sols) n'est pas seulement considérée sous l'angle négatif de la consommation et de la dégradation des sols, mais fait partie de la solution. La santé des sols est intégrée à la résilience climatique des villes et au bien-être des populations.
Découvrez le projet complet.
Les responsables du projet:
Prof. Dr. Antoine Vialle, TU Berlin, Prof. Eric Verrecchia, UNIL, Prof. Paola Viganò, EPFL
Les collaborateur·ice·s :
Dr. Kevin Vega, ETHZ, Dr. Stephanie Grand, UNIL, Dr. Yannick Poyat, Planisol SA
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