Changements climatiques
Santé
Pollution

Influence de la mobilité sur la pollution à Genève

Posté le 18 nov. 2022

Auteur·e·s

Aïcha Besser

Responsable Communication
CLIMACT

Expert·e·s

Michaël Bayunga

Graduate
FGSE, UNIL

Influence de la mobilité sur la pollution à Genève

Un citoyen genevois parcourait en moyenne une distance de 30,3 km chaque jour en 2018. Les distances sont principalement parcourues afin de se rendre sur un lieu de travail, de formation ou de loisir. Une grande proportion de cette distance est effectuée par le biais de transports individuels motorisés. Ceux-ci contribuent aux émissions d’oxydes d’azote NOx, particules fines, composés organiques volatils, monoxyde de carbone CO, dioxyde de soufre SO2 et dioxyde de carbone CO2. Une partie de ces composés constituent des gaz à effets de serre et contribuent aux changements climatiques.

Ces composés impactent la santé des individus exposés mais également les plantes, animaux et sols.
    

En outre, l’utilisation intensive de transports individuels motorisés entraîne une congestion des routes importante. L’infrastructure est limitée néanmoins, la demande ne cesse de croître.

Le canton de Genève mesure les polluants dans l’atmosphère par le biais de quatre stations de mesures définies. Cette subdivision a lieu afin de représenter les particularités du canton selon la densité de population, source de pollution, météorologie régionale et locale.

En analysant les données et bulletins atmosphériques du canton de Genève mis à disposition par le Service de l’air, bruit et rayons non-ionisants (SABRA), il est possible de souligner que le NO2 est un important marqueur du trafic routier.

Celui-ci connaît des pics horaires corrélés avec les pics de déplacements horaires.

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Le graphique ci-dessus confirme l’affirmation de l’Office Fédéral de la Statistique soulignant que les pics de mobilité de la population ont lieu de 7h à 8h et de 17h à 18h en Suisse.  Le NO2 est également affecté selon la saisonnalité et sa répartition est inhomogène touchant plus fortement les grands axes routiers, l’aéroport et le centre-ville de Genève. La valeur limite fixé par l’Ordonnance sur la protection de l’air (30 µg/m3) est encore dépassée dans la station de Necker située en milieu urbain en 2020.

L’ozone troposphérique O3 est un polluant secondaire produit à partir d’oxydes d’azote NOx lors de périodes de fort ensoleillement. La valeur limite horaire de l’ozone (120 µg/m3) est également dépassée lors de forts épisodes de chaleur. Les changements climatiques peuvent renforcer la fréquence de ces épisodes et ainsi augmenter la formation et concentration d’ozone troposphérique.

Bien que les concentrations de tous les polluants soient à la baisse depuis 1990. Les concentrations d’ozone et d’oxydes d’azote à Genève restent à des niveaux élevés selon les conditions météorologiques, saisonnalité et temporalité.

Le secteur des transports en Suisse contribue le plus fortement aux émissions de gaz à effet de serre. Le parc automobile continue de croître. Le canton de Genève recensait en 2020 un nombre total de 315'917 véhicules dont 220'311 sont des véhicules de tourisme selon l’Office fédéral de la statistique. Bien que les émissions par véhicule passager soient en baisse depuis les années 2000, les émissions de CO2 par véhicule passager sont élevées en comparaison avec les autres pays d’Europe et les véhicules passagers émettent en moyenne 138,1 gCO2/km en Suisse contre 123 gCO2/km en Europe.

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L’utilisation de technologies avancées ne permet pas de réduire solidement les émissions de dioxyde de carbone en Suisse. Tant que le parc automobile croît, l’utilisation d’énergies fossiles augmente et la quantité de CO2 émise dans l’atmosphère augmente. Une augmentation du CO2 influence également de manière indirecte les autres polluants par le biais des changements climatiques.

La pollution atmosphérique a un impact indéniable sur la santé publique en favorisant et exacerbant les affectations respiratoires, cutanées et cardiovasculaires des individus exposés. Dans le cadre de ce travail, le constat est que de nombreux individus ne sont sensibilisés aux risques encourus par une exposition prolongée à la pollution. Notamment, les individus asthmatiques sont plus vulnérables lors d’épisodes de forte pollution.

La problématique de la pollution à Genève n’est pas un nouveau sujet, celle-ci était au cœur des préoccupations lors de l’élaboration du PDC de 1975 avec conscientisation des problèmes urbains générés par le trafic automobile, la saturation des axes de circulation et la dégradation de la qualité de vie en ville. Ainsi, la commission d’urbanisme proposait de développer le réseau de transports publics, limiter l’usage de l’automobile et de favoriser une urbanisation compactée en bâtissant la ville sur la ville.

Actuellement d’autres mesures sont mises en place telles que la mise en place du dispositif de circulation différentiée Stick’Air, la réalisation de parcs relais (P+R), tarifications UNIRESO, voies vertes, encouragement à la mobilité douce, et mise en service du Léman Express.

Un autre moyen de contrecarrer les émissions de polluants est l’utilisation de véhicules électriques qui permettent de changer les types de polluants émis dans l’atmosphère lorsque l’énergie est renouvelable et lorsque le recyclage des batteries au lithium sera rendu plus commode et que certaines dérives du droit du travail seront abolies.

Au sujet de l’auteur :

Michaël Bayunga a achevé ses études à la faculté de Géosciences et environnement à l’UNIL avec l’orientation sciences naturelles en 2022 et a été suivi par Prof. Julia Steinberger. Son intérêt porte sur la pollution environnementale, la planification environnementale et la mobilité. Cet article est basé sur son travail de Bachelor, qui lui a permis de réfléchir avec une approche multidimensionnelle.

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