Traités climatiques internationaux

JO 2024 : Comment rendre plus durable l’événement le plus regardé au monde ?

Posté le 2 juil. 2024

Expert·e·s

Prof.
Prof. Martin Müller

FGSE, UNIL

Dr.
Dr. David Gogishvili

FGSE, UNIL

JO 2024 : Comment rendre plus durable l’événement le plus regardé au monde ?

À l’approche des Jeux olympiques de Paris, qui débutent le 26 juillet, c’est l’occasion de s’interroger sur l’impact environnemental de cet événement suivi par des milliards de personnes dans le monde, et sur son potentiel à influencer la perception du public face aux enjeux climatiques.

Interview avec Martin Müller et David Gogishvili, professeurs et chercheurs à la faculté de Géosciences et de l'Environnement de l'UNIL. Nous abordons les efforts actuels pour réduire l’empreinte carbone et l’importance d’une action concertée pour concevoir de nouveaux modèles afin de maintenir la légitimité de tels événements.

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Selon vous, pourquoi le CIO et les athlètes participant aux Jeux olympiques devraient-ils se préoccuper du changement climatique ? Devrions-nous craindre que les Jeux olympiques de Paris soient directement affectés par le changement climatique ?

Martin Müller & David Gogishvili : Des milliards de personnes dans le monde regardent les Jeux olympiques.

Le CIO dispose donc d'un levier unique pour susciter des actions en faveur de l'atténuation du changement climatique.
   


Les Jeux olympiques sont également une source importante d'émissions. Toutefois, ces émissions ne sont pas essentielles : les Jeux olympiques sont peut-être amusants à regarder, mais il s'agit d'activités de loisir, contrairement aux biens essentiels tels que la nourriture et le logement. Des normes plus strictes doivent donc leur être appliquées.

Le CIO s'est engagé à atteindre la neutralité carbone. Les objectifs, les plans et les trajectoires sont-ils en accord avec l'Accord de Paris ? Les Jeux olympiques de Paris montrent-ils la voie ?

Martin Müller & David Gogishvili : Le problème est que le CIO ne quantifie pas ses objectifs en matière d'émissions et, jusqu'à présent, il n'a pas exigé des villes candidates qu'elles divulguent leur empreinte carbone prévisionnelle. En théorie, les Jeux olympiques pourraient avoir des émissions très élevées, les compenser entièrement et rester neutres en matière d'émissions de carbone. Ainsi, l'expression "neutralité carbone" ne signifie pas grand-chose et cache le caractère destructeur de l'organisation d'un méga-événement.

Malheureusement, les Jeux olympiques de Paris ont discrètement abandonné leur objectif initial quantifié

de 1,58 million de tonnes de CO2 peu avant les Jeux.

Cet objectif quantifié aurait constitué un progrès majeur par rapport aux Jeux précédents. Alors que Brisbane 2032 devrait être les premiers Jeux olympiques à émission de carbone positive dans le cadre d'une obligation contractuelle, des inquiétudes subsistent. La compensation carbone sera toujours autorisée et aucune donnée n'est disponible sur l'empreinte carbone prévue pour ces Jeux. Nous savons seulement que les organisateurs seront tenus de compenser plus d'émissions qu'ils n'en produisent.

Cet échange fait suite à leur séminaire CLIMACT « Sustainability or international sporting events: do we need to choose? » que vous pouvez revoir ici.

Selon vous, quelles sont les principales mesures que le CIO pourrait prendre pour réduire son impact et atteindre ses objectifs climatiques ?

Martin Müller & David Gogishvili : Le CIO doit s'orienter d'urgence vers l'adoption d'objectifs d'émissions quantifiés compatibles avec les trajectoires définies par l'Accord de Paris jusqu'en 2050. Il doit ensuite définir des actions concrètes pour atteindre ces objectifs. Ces actions concrètes doivent absolument inclure la réduction de la taille des événements, la rotation des Jeux olympiques entre les villes établies et l'amélioration de la gouvernance de la durabilité.

Ces actions pourraient améliorer de manière significative la durabilité en réduisant les demandes de ressources, en minimisant les perturbations sociales et écologiques et en garantissant la responsabilité par le biais de normes crédibles.



De plus, le CIO devrait exiger de toutes les villes ou coalitions de villes candidates aux Jeux qu'elles divulguent leur empreinte carbone prévisionnelle et d'autres émissions dans leur dossier de candidature.
   

Ce critère devrait être prioritaire et activement pris en compte dans la sélection de la ville hôte.

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Cet échange fait suite à leur séminaire CLIMACT « Sustainability or international sporting events: do we need to choose? » que vous pouvez revoir ici.

Au sujet des experts :

Prof. Martin Müller, Professeur à l'Université de Lausanne. Géographe, il travaille sur la (non-)durabilité des méga-événements tels que les Jeux olympiques et les Coupes du monde de football. Il a dirigé la création de la plus grande base de données au monde sur la durabilité des Jeux olympiques et des Coupes du monde.

Dr. David Gogishvili, Chercheur senior au Département de géographie et de durabilité de l'Université de Lausanne. Il participe à un projet de quatre ans intitulé "Sports for the Planet?", qui examine la durabilité de plus de 240 événements sportifs majeurs.

Au sujet de CLIMACT :

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